Pourquoi y a-t-il un obélisque au carrefour de Villeneuve-le-Comte ?
Publié par Saint-Germain-sur-Morin le 23/03/2022
Voilà 287 ans que l’obélisque de Villeneuve-le-Comte, en Seine-et-Marne, trône au milieu d’un carrefour en étoile, aujourd’hui à la croisée de la D231 et de la N36. Peut-être même plus. On estime qu’il a été construit entre 1730 et 1735. Mais pourquoi est-il installé là ? C’est la question pas si bête de la semaine.
Beaucoup de questions demeurent autour de cet obélisque, aussi appelé obélisque de Mortcerf, classé monument historique en 1921. Haut de 15 mètres, surmonté d’un globe dont sortent quatre éclairs et une double hélice au centre évoquant un grand cataclysme, entouré de 16 bornes sculptées, il fait en tout cas, son impression.
Encore des mystères autour de l’obélisque de Villeneuve-le-Comte
Son auteur reste inconnu. Alain Pelgas, de la société Vilcomtoise d’Histoire, lui trouve des ressemblances avec l’obélisque de Vincennes. De là à imaginer qu’il pourrait s’agir du même architecte : « Je dois continuer mes recherches », répond-il avec prudence.
Pourquoi l’obélisque est-il là ? L’histoire communément admise veut qu’il commémore la rencontre de Louis XV et du duc de Brandebourg dans un proche pavillon de chasse.
Une hypothèse qui laisse Alain Pelgas songeur : « Des spécialistes de Louis XV n’en ont pas connaissance. L’histoire est souvent moins romanesque qu’on l’espère », sourit-il.
Une pyramide, à la croisée des chemins
Louis XV avait en revanche pris une ordonnance pour l’aménagement des forêts domaniales*. Et au centre des carrefours d’au-moins deux routes, le roi prenait à sa charge l’érection d’une croix, d’un poteau, ou d’une pyramide.
A la croisée des routes reliant Meaux et Melun, Provins et Lagny, ce carrefour à 6 branches a pu justifier la création de l’obélisque. « Cela servait aussi à marquer les lieux de chasse », précise Alain Pelgas. L’obélisque de Vincennes par exemple, marque le reboisement de la forêt.S’il y a encore aujourd’hui plus de questions que de réponses, c’est que de nombreuses archives de l’époque, conservées à Paris, ont brûlé, explique Alain Pelgas. L’ouvrage d’art, lui, a survécu au temps.
Un ouvrage d’art marqué par l’histoire
Bien que les accidents de voiture n’épargnent pas les bornes qui l’entourent, les principales dégradations remontent à la Révolution. Plusieurs représentations ont été effacées : un sceptre représentant le roi, une main représentant la justice et un carquois pour la chasse.
Sur la dernière, seule épargnée, un arbre et une citation latine dont la traduction, incertaine, évoque… le commerce du bois. Moins romanesque, on vous dit !
*La forêt de crécy devient forêt royale en 1721. Elle va bénéficier d’aménagements importants, menés par Alexandre Lefevre de la Faluere, grand maître des eaux et des forêts de Crécy.